La Chimie

Triptyque : Le Pas du vestibule – Propitiatoire – Anaérobie

Allons-y sans hésiter. C’est à deux pas, un par arrondissement. Mais tous ne se valent pas, choisissez le meilleur.

Après, quand vous aurez déposé sur l’honneur, on vous indiquera la marche à suivre, vers les objets trouvés probablement.

Je sors toujours tête nue, d’où ma démarche dandinée de spatule. Le chemin est désert, par bonheur, et ne compte que les administrés de mon ordre, indigne de la sieste, qui se croisent le nez sous le col, vu qu’ils sont comme des voleurs : imaginez une ombre errer dans nos rues glacées, la nuit, quand tous dorment, elle est en maraude, pas moins. Car ici, à l’heure du kief, le démon de midi pèse lourdement sur toute poitrine, et une douce et normale somnolence s’en empare, sauf moi, et mes pareils. La visière enfoncée d’un chapeau large ou d’une casquette m’aurait aidé à conserver mon sang-froid, quand l’incontournable sergent m’entrava le pas ; il s’y prit en connaisseur du tango, sa jambe droite entre mes jambes, le regard fixant le mien, il retroussa le mollet jusque sous sa cuisse entre mes jambes, avant de tourner plusieurs fois sur lui-même.

Un collègue jaloux approcha et le chassa si brusquement qu’il manqua de tomber sur les badauds qui pouvaient s’attrouper. Mais qui s’attroupe alors rôde. Il me prit par la taille, tira sur mon bras en m’incitant à l’imiter, tourne, disait-il, tourne. Le premier revenait, et ils se chamaillèrent. J’en profitai pour me couvrir et disparaître.

Après quelques détours, j’étais sûr de n’être plus suivi. Assuré du plus strict anonymat, j’attendis la fin à l’ombre. Les embrasures prenaient des formes, derrière les rideaux de perles de bois, de bandes plastique. Ils se levaient.

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