Se gardent

Nous avons toujours été deux, dès le départ, toujours, auxquels venaient se joindre parfois d’autres contraintes à considérer, pour si peu de temps qu’on ne les compte pas. Ils ne nous accompagnaient pas dans notre voyage, nous avisaient ou nous dépassaient, ou se laissaient apercevoir, sur une autre route, sans approcher, sans saluer, les nu-tête autant que d’autres nés coiffés de plumes : le savoir-vivre le plus élémentaire indique pourtant avec insistance que les rencontres isolées doivent se saluer, fût-ce d’un regard d’intelligence, d’un signe du front, au premier chef par celui qui descend car, par la prééminence de son créneau, il est mieux à même de voir venir la randonnée de l’autre en contrebas, et de refaire route, car sa marche, quoique commencée plus tôt et chargée d’une plus grande fatigue, est à cette heure au relâchement, pour ne pas dire à la détente, et s’il est utile, pour une jambe courbatue, d’assurer fermement le pied posé à terre et à l’autre encore en l’air la perspective d’une assiette stable, il n’a nul autre soin qui l’empêche, tout à la légitime satisfaction du prochain refuge, d’encourager l’autre encore engagé dans une ascension pénible et vaine, et que menacent déjà l’orage et l’obscurité peuplée d’avalanches et de hurlements.

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